al-Dalağī, un "mal-pensant" (zindīq) entre Le Caire et Damas
Résumé
En 2003, était réimprimé au Caire, un ouvrage de 162 pages, intitulé: al-Falaka wa al-maflukin (De l'Infortune et des infortunés). Il est précédé d'une nouvelle préface dans laquelle il est dit qu'il présente des éléments de la vie sociale au Caire "à la veille de la révolution française"! Outre un anachronisme patent, cette déclaration constitue une contre-sens absolu sur l'argument de l'ouvrage. En effet, son auteur Shihab al-Din Ahmad al-Dalaji est mort en 838/1435, et il a vécu sous les premiers mamlouks circassiens. La "simonie", la corruption, l'enrichissement illégal, l'hypocrisie religieuse étaient choses répandues dans le milieu des juges et des "prieurs" de confréries, et il n'était pas facile d'obtenir une charge, si l'on ne jouissait pas d'une protection. Notre homme eut à pâtir de cet état de fait, d'autant plus que des bruits couraient sur sa vie "dissolue". Pour ce qui est de l'argument de ce petit traité, il consiste en des réflexions sur la situation de certains savants ès-sciences religieuses, non seulement à l'époque de l'auteur, mais antérieurement à lui. Leur infortune n'est pas seulement matérielle, mais aussi morale et spirituelle. Al-Dalaji est influencé par Ghazali et par quelques autre auteurs.